Rénovation d’un bâtiment communal à Bouzigues
ARTICLE 11: BATIMENTS COMMUNAUX ET RENOVATION URBAINE – BOUZIGUES
La rénovation urbaine est une notion éculée qui tend à remanier le tissu et le bâti de zones urbaines ciblées et étiquetées comme insalubres ou ne répondant plus au mode de vie contemporain. Les villes françaises ont toutes connu au cours de leur histoires des politiques de rénovation à plus ou moins grande échelle, dont la plus connue reste le plan Haussmann débuté en 1852 à Paris. Après une volonté expansionniste portée par la politique de sectorisation de la ville, dont l’urbanisme des grands ensembles est un des exemples les plus couramment mis en exergue, la notion de rénovation urbaine fait son retour, fraîchement accompagné de ses acolytes que sont la mixité sociale, et les transports en commun.
Pourtant, il est triste de constater que ce nouvel étendard agité sans trêve pour nous expliquer les politiques publiques de la ville , et que l’on retrouve avec un systématisme monomaniaque en premières pages de toutes les plaquettes publicitaires qui traitent d’urbanité, se cantonne trop souvent à la question de la métropole, délaissant les petites communes dans un marasme théorique inadapté.
La conséquence de cet oubli laisse souvent les municipalités face à une situation délétère, dans laquelle le village se voit dépossédé de politique urbaine, pour se limiter à une gestion foncière de logements individuels et n’être en fin de compte que des gestionnaires de dortoirs plus ou moins haut de gamme.
L’urbanisme n’est pas l’apanage des métropoles et dans sa fonction de vecteur de lien social, l’échelle du village est un atout plus qu’une contrainte.
Le projet que j’évoque sur la commune de Bouzigues en est un exemple. Propriétaire d’un bâtiment qui abritait La Poste et la Bibliothèque au rez de chaussée et des locaux associatifs à l’étage, la commune a souhaité rénover l’ensemble dont l’aménagement et les intérieurs étaient vieillissants. Le projet, bien que modeste, ne manquait pas d’ambition. Il était question de conserver les fonctions de Poste et Bibliothèque au RDC et rénover les locaux de l’étage en vue d’une location pour une étude notariale. Pas d’urbanisme donc? J’aurais tendance à considérer le contraire.
Photos du projets :
La volonté de l’équipe municipale était d’ouvrir l’espace afin de créer un lieu de frottement. Nous sommes pleinement dans une problématique urbaine. Frottement des flux, occupation ininterrompue de l’espace, mixité sociale et fonctionnelle, que des notions urbaines. Les villages n’ont pas à avoir la prétention de fendre le tissu urbain pour créer des avenues, des jardins, laisser passer le tram ou construire un troisième Centre Pompidou, toutefois, ils ne sont pas dépourvus de matière pour accompagner leur développement urbain. Les élus manquent néanmoins souvent d’accompagnement et il ne faut compter que sur leur sensibilité et leur bonne volonté afin qu’ils se réapproprient ces questions urbaines.
Depuis la loi SRU de 2000, les communes doivent appréhender leur politique urbaine en l’incluant dans un cadre défini par le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale). Ce support, élaboré par les communautés de commune, ou d’agglomération, définit les orientations urbaines à respecter lors de l’élaboration des PLU. Il est commun à toutes les communes afin de projeter une cohérence territoriale, et influence donc les politiques urbaines de chacune.
Cette outil censé accompagner les élus, est souvent vécu comme une dépossession de la maîtrise urbaine et ne répond que très généralement aux problématiques de développement spécifique à chacun. Dans le cadre de son élaboration, si les élus sont consultés, ils sont très rarement accompagnés. Il me semble improductif de consulter des élus sur des questions qu’ils ne maîtrisent pas nécessairement sans leur donner au préalable les clés de compréhension et les aider à poser un diagnostic sur les enjeux et le potentiel de leur territoire.
A travers ce modeste projet sur la commune de Bouzigues, on se rend compte que parmi les éléments à fort potentiel de vecteur urbain, on trouve en premier lieu les biens communaux, qu’il est donc impératif de ne pas dilapider, car c’est aussi à travers ce mitage qu’elle peut créer de l’urbanité. Ces biens sont souvent répartis sur tout le territoire, parfois au coeur du tissu et peuvent être des points de valorisation urbaine. Une réflexion approfondie sur les enjeux et le potentiel de chaque bien communal me semble être une piste intéressante afin que les municipalités se réapproprient la maîtrise de leur cohérence territoriale.
Maitre d’ouvrage : Commune de Bouzigues initié par Mme Rosay – maire et suivi par M. Paqueriaud – 1er adjoint
Maitre d’oeuvre : Olivier Pradié – Architecte
Décoration : Sylvie Liedot -Coste